Pierre, en Australie depuis 47 ans!

Pierre assis dans son salon. En arrière plan, une de ses toile aborigène.

La galerie photos : Pierre, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).
Dans son appartement calme et apaisant, Pierre me raconte son histoire. J’ai l’impression d’être dans un musée… Pierre, passionné par l’art aborigène, a collectionné pendant des années leurs peintures, objets et reliques, qui ornent aujourd’hui son appartement confortable. Il fut un des collectionneur précurseur de cet art. Mais, ayant quitté sa grande maison au bord de mer pour un plus petit lieu bien placé, au coeur de la capitale culturelle australienne, Sydney, il en a vendu une grande partie. Il a aujourd’hui 69 ans et vit depuis 47 ans en Australie. Voici ses mots…

Je suis né a Tourcoing (Nord) le 11 Avril 1942 – Education Commerciale et Textiles a l’EIC, Collège bien connu dans la Région,

Pierre aime beaucoup les livres, et bien le vin ! Le livre est ouvert a une page illustrant les rituels aborigène, d'où en résultent des créations artistiques. À côté, un bon rosée australien.

région qui en ce temps là était la Capitale du Textile Français. Les peignages de laines de Roubaix / Tourcoing étaient connus dans le monde entier. En rentrant du Service Militaire je fus embauché par une petite compagnie en négoce de laines qui avait un comptoir d’achats en Australie depuis les années 1900. Et c’est à l’âge de 22 ans, en 1964 que la Direction m’a envoyé en Australie (12 Aout 1964) avec un contrat de trois ans qui fut renouvelé, puis renouvelé… et ceci est de l’histoire ancienne puisque toujours ici en Australie. Mon travail consistait a acheter aux enchères les laines en « suint » (direct du mouton) dans les qualités demandées par notre clientèle européenne. Les marchés du nord de l’Australie étaient alors Sydney puis Newcastle, puis Goulburn et puis Brisbane. Je voyageais soit en voiture soit en avion…

Après la fermeture de la Compagnie française et après plus de de 22

Rituel matinal : lire le journal, et s'il fait beau à sa terrasse. En arrière-plan : la ville économique, le jardin botanique, le célèbre Harbour Bridge.

ans, j’ai travaillé pour notre Courtier Australien non pas a l’achat mais a la vente des laines… avec pour « dossiers » la clientèle française et italienne… et par un concours de circonstances j’ai « ouvert » pour notre compagnie australienne une clientèle chinoise et delà des voyages en Chine 8 a 10 fois par an.

Vers l’age de 48/50 ans, j’ai décide de travailler pour moi même de la maison – petit bureau – l’age du fax et du portable me donnèrent une liberté totale – notre maison était à la plage. En short et les pieds dans le sable j’étais devenu « agent » pour des Coopérations Chinoises Gouvernementales.

À l’age de 56 ans et suite aux lois australiennes j’ai pu avoir accès aux fonds de Retraites. Mon émigration fut, en fait un rêve devenu réalité – car a l’age de 22 ans je suis venu ici tous frais payes avec un contrat de trois ans,

Détail d'une toile aborigène. Les petits points sont normalement réalisés à même le sol, sur le sable, avec des pigments. Artist : KATHLEEN PETYARRE , 122 c m x 122 cm, 2005 -Artiste represente dans plusieurs musees dont celui de Lyon et Quai Branly.

puis 2 a 3 mois de vacances – Ceci parait trop beau – en fait, a l’age de 27 ans je fus le seul responsable du Comptoir d’achats – seul. Je travaillais souvent 60 a 70 heures par semaine sans compter les heures de déplacement mais j’étais mon propre « patron ». Tous les deux ans je retournais en France pour rendre visite à la direction principale. Ensuite lorsque j’ai travaillé pour la compagnie australienne je rentrais en France tous les ans ou deux ans. En arrivant ici en 1964, la communauté française toute originaire du Nord (Laines) était assez nombreuse – et après plus de deux ans je me suis rendu compte que si je devais progresser dans mon intégration australienne, je devais m’éloigner de ce milieu… C’est alors en 1967 que j’ai rencontre mon ami Ken (partenaire) avec qui j’habite toujours depuis plus de 44 années. Ken était étudiant en Pharmacie a l’Université de Sydney et maintenant aussi en retraite après avoir eu plusieurs pharmacies.

Etre « gay » en Australie dans les années 60’s ne m’a jamais troublé – je fus accepte immédiatement par la famille de Ken – très conservative et de la campagne du nord – et Ken fut admis dans ma

Tous les matins à 10h une chaine australienne diffuse le journal français de la 2. Pierre essaye d'être au rendez-vous.

famille comme un deuxième fils de mes parents et oncle de mes neveux et nièces. Nous sommes allés très souvent en France – l’année dernière par exemple, nous avons vécu près de quatre mois en Provence – nous avions loue une petite maison dans un village très champêtre. Bien sur au début, ma famille française me manqua et petit a petit fut remplacée par celle de Ken et sa famille et surtout par nos amis qui sont de toutes provenances (Sud Africains , Allemands, Anglais, Écossais, Irlandais etc..etc.. australiens bien sur… gais et non gais… à notre réveillon du Nouvel An par exemple nous étions quatorze avec neuf différentes nationalités de naissance mais étions tous maintenant australiens !!!

Chouette aborigène. Provenance : Utopia - Artist : EMILY KNGWARREYE - Hauteur 51 cm – 1996/1997.

Oui, j’ai gardé mon passeport français… mais je ne sais pas pourquoi… car je ne l’utilise plus dans mes voyages – car voyageant avec Ken je préfère que nous ayons des passeport identiques – Oui, j’ai la nationalité australienne depuis 1975. Donc je vote (vote obligatoire ici sinon amendes) et je suis la politique australienne de près. Après tant d’années a l’étranger je me sens totalement intègre (tradition australienne : par exemple on Australia Day, puis l’Anzac Day… où on se retrouve entre amis. À l’Anzac Day on se lève a 3 heures du matin pour aller au Monument du Soldat Inconnu a Sydney pour la cérémonie très touchante a 4.00 du matin – commémoration de la grande défaite de la bataille de Galipolli (Turquie) où des milliers australiens et néo zélandais, tous volontaires ont été tués. Venant de la Flandre où a la première guerre (14/18) les australiens ont souffert également de lourdes pertes (Fromelles par exemple) assister a ces cérémonies m’est devenu une obligation annuelle.

Pour finir… Un conseil à donner pour les français qui viendraient visiter l’Australie ? `

Pour ceux intéressés a venir nous voir en Australie… laissez vos préjudices (raciaux, religieux, sexuels…. ou autres… ) outre-mer. Vous vous sentirez allégés…et revitalisés…

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