Armand vit depuis 4 ans en Australie et vient d’obtenir sa double nationalité.

novembre 20th, 2011

À Cairns où il doit se rendre pour des raisons administratives.

La galerie photos : Armand, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Armand est arrivé il y a 4 ans en Australie, d’abord pour faire un voyage, puis pour parfaire sa formation dans l’hôtelerie. Il est originaire du Beaujolais et a ensuite étudié à Lyon. Il a beaucoup entendu parler de l’Australie à travers des amis qui sont tous rentrés aussi enchantés les uns que les autres et a donc décidé d’aller voir à son tour. Il est arrivé en haut de la côte est australienne à Port Douglas (situé à 40 km au nord de Cairns), ville balnéaire huppée, après avoir vadrouillé depuis le sud de la côte est avec un ami qui, lui, est ensuite retourné en France. Ceci était sa première expérience de vie à l’étranger, qui s’est avérée concluante puisqu’il n’en est pas revenu.

Sur la route entre Port Douglas et Cairns. La première fois qu'il a vu ce paysage il a eu le coup de foudre pour le lieu.

Il a depuis travaillé énormément afin de mettre de l’argent de côté, dans l ‘idée de voyager, notamment en Indes, puis de monter sa propre affaire. Il a travaillé dur en tant que serveur, plongeur, cuisinier, mais ceci lui a permis d’acquérir beaucoup d’expérience et d’obtenir une place de manager. Ce poste lui a été assez rapidement offert dans le chic hôtel-restaurant et bar « Hi Tide » situé à Port Douglas, au bord de la plage.

Depuis Armand n’est rentré que deux fois en France. Il avait pour objectif d’obtenir sa résidence en Australie car c’est un pays qu’il porte maintenant dans son cœur et qui, dit-il, lui apporte une sécurité : il est sûr qu’il pourra toujours trouver un travail et qu’il y fera toujours beau et chaud ! Pour cela il a dû se faire sponsoriser par son patron (afin d’avoir un visa pour travailler – assez cher si pas financé par une compagnie et si supérieur à une durée d’un an-). Au terme de ces 4 années il a dû passer un test (qu’il a trouvé assez simple) sur l’Australie (sa géographie, sa politique etc). Et voilà, il est maintenant franco-australien !

Baignade dans une rivière de la rain forest à Daintree.

Il va maintenant voyager pendant une année puis prévoit de rentrer à Port Douglas, où il considère qu’il peut assez rapidement et facilement économiser. Mais les projets peuvent vite changer… Aussi, c’est là bas qu’il a de nombreux et désormais profonds amis, qui ont fait office de « famille » durant ces années passées. En effet, malgré Skype (qui permet de parler en vidéo conférence par le biais d’internet), il est loin de sa réelle famille. Il a toujours vécu en colocation ce qui lui a permis de rencontrer de nombreuses personnes du monde entier. Il se sent parfaitement intégré, entre autres car les australiens ont l’habitude de ce mélange de nationalités.

Il avoue avoir eu du mal avec l’anglais pendant une assez longue période, et lorsqu’il est fatigué ou se trouve face à un nouvel accent ça n’est pas toujours évident. Mais, il est fier de son « French accent », souvent reconnu comme sexy !

Un moment de lecture au bord du blue hole, un trou d'eau incroyablement bleu dans la Rain forest.

Il lui manque aussi les bons fromages, bons vins et spécialités françaises, ainsi que de rester un long moment à table, puis parler de politique. Mais il a rencontré des amis avec qui ceci est possible et peut trouver de bons produits français lorsqu’il va à Cairns dans des magasins spécialisés dans ce genre d’import (le hic : très cher!). Ceci est compensé avec la qualité de vie qu’il a à Port Douglas : il fait très beau et chaud toute l’année, l’océan est splendide, les gens sont détendus, il est à moins d’une heure en voiture de la fameuse Rainforest à Daintree, au Cap tribulation où il a pu voir des crocodiles et ce drôle d’animal appelé cassowarrie. Il est aussi au bord de Great Barrier, qui est une immense barrière de corail splendide le long de la côte nord est australienne. Il apprécie de plus le fait que le travail ne manque pas alors qu’il entend toujours les français se plaindre du problème du chômage.

Petit déjeuner anglais (œufs, bacon sur des toasts) avec sa meilleurs amie, Rupa, d'origine indienne.

Armand n’oublie pas ses racines française, qu’il aime et revendique, mais aujourd’hui il se considère plus comme une sorte de « citoyen du monde ». Si vous allez un jour à Port Douglas il vous recommande avant tout de vous installer à une terrasse pour boire un café et observer, observer les gens passer, la vie tranquille et joyeuse de cette belle ville. Ensuite, allez faire un tour en bateau pour utiliser masque et tuba (ou de la plongée si vous pouvez) jusqu’à Great Barrier. Essayer de prévoir 2 ou 3 jours à Cap tribulation. Partir en week-end dans la Rainforest vous dépaysera totalement et vous vous sentirez sûrement immergé à 100% dans cette pleine nature sauvage.

Armand sert avec le sourire dans le restaurant « Hi Tide » pour lequel il travail.

Stéphane vit depuis 7 ans dans l’éco village Crystal Water, en Australie

octobre 17th, 2011

La galerie photos : Stephane, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Stéphane a 40 ans et vit depuis 8 ans en Australie. Il a d’abord beaucoup vadrouillé, notamment avec une australienne qu’il a rencontré là bas. Ils ont eu deux enfants et même si aujourd’hui ils ne vivent plus ensemble ils continuent de les élever en alternance. Après deux ans d’école à la maison Elijah viens de recommencer l’école (maintenant en grade 3 -CE2-).

Stéphane habite maintenant depuis 7 ans à Crystal Water, entouré de kangourous, de wallabys et d’une végétation incroyable, où il est cantonnier. Cet éco-village (http://crystalwaters.org.au/) situé au sud-est de la région Queensland en Australie (à 26 km de Maleny) a été crée il y a une vingtaine d’années. Il est constitué de 83 lots habitables pour un total d’environ 250 personnes, le village a été désigné selon les principes de la « permaculture ».

La maison de Stéphane, toute sortie d'un conte des frères Grimm !

La permaculture est une science de conception de cultures, de lieux de vie, et de systèmes agricoles humains utilisant des principes d’écologie et le savoir

des sociétés traditionnelles pour reproduire la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels.

Il maintient donc les chemins, les clôtures et gère les terres communes (600 acres soit 242 hectares). Il collectionne les graines pour semage direct et fait pousser également les arbres pour de la revégetation de sa région au sud est du Queensland.

Comment vis-tu ton émigration ?


Je vis mon émigration très bien, j’ai crée ma vie ici avec mes enfants, mes amis, mon travail.

Wallabys en promenade.

J’aurais fait de même si j’étais resté en France.

Il est très heureux de son intégration probablement favorisée par le milieu alternatif dans lequel il vit, où selon lui ils ont tous de nombreuses idées, points de vue sur leurs mode de vie, sur l’éducation, ou bien encore sur la politique en commun. Aussi, les habitants sont nombreux à venir de l’étranger.

Sa vie aujourd’hui le dirige de plus en plus vers l’éco-agriculture, agriculture naturelle (Masanobu Fukuoka) forêt jardin et l’agriculture communautaire. Il est un des initiateurs du jardin potager communale dans le village et il s’occupe avec 6 autres personnes d’une laiterie communale ou chaque jour de la semaine une personne différente traie les vaches.

Stéphane après un plongeon dans la rivière aide ses voisins qui ont du mal ce jour là a déplacer leurs vache d'un enclos à un autre.

D’où viens-tu ?

Des étoiles?!  Je suis né à Châteaubriant (44), j’ai passe mes 14 premières années en Bretagne, à Rennes, nous avons ensuite

Stéphane fait son potager dans son jardin.

déménagé pour la région parisienne pour plusieurs années et le sud ouest ensuite.
Ma famille maternelle se trouve en Bretagne alors que ma famille paternelle est du sud ouest.

Pourquoi as-tu décidé de partir de France ?
À l’origine je suis parti pour parfaire mon anglais, je voulais travailler ici, mais n’ayant qu’un visa touristique et pas de visa de travail je n’ai pu travailler dans le domaine que j’espérai ( l’hôtellerie de luxe), donc après un peu de tourisme j’ai ramassé des fruits.

As-tu déjà vécu a l’étranger?
Oui j’ai vécu en Angleterre pendant 3 mois pour travailler dans un hôtel, puis j’ai passe 1 mois et demi a Barcelone pendant les jeux olympiques de 92, ceci dit entouré pratiquement que de français.

Stéphane vend ses arbres au marché de Crystal Water les samedis.

Pourquoi l’Australie?
Un ami était passe me voir pendant un week-end en Bretagne, il était avec une Australienne Julia, je venais de quitter mon travail et pensait aller à l’étranger pour parfaire mon anglais, les États-Unis ne m’intéressaient pas et j’étais déjà aller en Angleterre, je pensais donc à l’Écosse ou à l’Irlande. À la fin du week-end Julia m’a donne le numéro de téléphone de ses parents au cas ou je serais intéressé par l’Australie. Ce fut donc l’Australie 3 mois, puis la Nouvelle-Zélande 6 mois, retour en Australie 3 mois. Le jour du départ à l’aéroport quelque chose me disais que je n’avais pas fini mon histoire ici.
De retour en France certaines choses en moi avaient changées, une envie de vivre autrement, une compréhension du mot VIVRE dans un sens plus profond.  À l’époque ceci n’était pas vraiment claire dans mon esprit, je me rappelle me sentir confus et chercher des réponses a mes questions. Après quelques mois chez mes parents je suis parti en Écosse avec le numéro de téléphone d’un ami en poche. La j’ai travaille pendant 2 mois puis suis reparti sur la route toujours principalement en stop (France, Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande, Bretagne et Espagne), rencontrant des hommes et femmes d’horizon divers, en suivant les coïncidences les unes après les autres comme les marches d’un escalier.  Je repars en Australie avec un visa touristique de nouveau pour 3 mois, ne pouvant le renouveler je reviens en France, fais le tour de festivals, les vendanges, cueillette de fruits avec un groupe d’amis puis revient en Australie avec trois d’entre eux.

Crystal Water au crépuscule offre toujours des couleurs magiques.

Après deux mois nous prenons des chemins différents. J’ai passé quelques temps dans une communauté aborigène, ces derniers m’ont aidé à obtenir une extension de visa ce qui m’a donc fait rester avec eux un peu plus.

Tout a commencé par un simple numéro de téléphone lors d’une rencontre en France. Il y est donc aller, mais ne pouvant travailler pour cause de visa il continua de voyager pendant plus de 4 ans tout en ramassant des fruits dans les deux cotés de la planète.

C’est lors de sa 3ème visite en Australie qu’il a rencontré Zoe ,la femme avec qui il partage deux enfants.

Que te manque-t-il de France ?

La famille me manque, des amis de longue date avec qui j’ai perdu contact et une certaine partie de la culture française.

Stéphane tri des graines « d'Acacia Macradenia » avec une vielle machine. Il conserve une manière artisanale de travailler ce trésor. Ces graines forment des arbres au fleurs jaunes vives et sont natives d'Australie.

La machine permet d'aider Stéphane a séparer les graines des morceaux de bois ou autres résidus.

Il avoue que certaines « bonnes bouffes » françaises peuvent lui manquer (et oui… Notre fameux fromage!), mais il a trouvé satisfaction et contre-balance avec toutes ses activités, expériences et rencontres faites en Australie.
Je ne vois mes parents que tous les deux ans, et le reste de la famille moins souvent.

Il ne pense pas retourner habiter en France définitivement, il est heureux de sa vie. Mais il aimerait emmener ses 2 enfants pour une période d’environ 6 mois afin de leurs monter ses origines, et de les faire voyager. Il ne retourne pas souvent en France (une fois tous les 4 ans en moyenne) et voit ses parents tous les deux ans, car ils ont fait deux fois le déplacement.

Le fruit est la noix de bunya (bunya nut), en janvier Stéphane grimpera sur les arbres pour en faire tomber les cônes frais. Ce fruit particulier ne pousse que dans cette région du monde. Il a un goût et une texture proche de la châtaigne. Chaque année un festival est organisé pour célébrer son arrivée par les locaux. Cette vielle tradition réunie les habitants des alentours pour une journée de jeux sur les colline autour du lac auxquels Stéphane participe.

Qu’as-tu conservé de ton identité nationale ?
Les plaisirs de la table.

Te sens-tu intégrée par rapport à la langue?
Tout à fait, l’humour et les expressions sont une éternelle découverte.

Combien d’années cela t’a pris pour te sentir vraiment à l’aise ?
Cela ne se compte pas en années mais dépend de l’environnent dans lequel je me trouve, et de l’entourage.

Si un jour vous étiez mener à voyager en Australie il vous recommande, bien sûr, une visite à Crystal Water, notamment le premier samedi du mois alors que les producteurs se réunissent au marché pour vendre leurs légumes bio de saison, du miel produit au village, des gâteaux maison, du pain au levain cuit dans leur propre four a bois, un restaurant aux plats végétariens ou sains, et où Stéphane vends des arbres de la région. Vous passerez aussi un bon moment a écouter le groupe de musique du village (Crystal Limba) qui joue de joyeux morceaux uniquement avec des marimbas (percutions), ainsi que de nombreux artiste locaux.

Vous pouvez contacter Stéphane : plants_seeds@yahoo.com.au

On en parle…

septembre 30th, 2011

Le magazine néo-zélandais « North & South » dans son numéro de juin 2011 a consacré deux pages au projet « Insider : Outsider? ».

Pierre, en Australie depuis 47 ans!

juin 2nd, 2011

Pierre assis dans son salon. En arrière plan, une de ses toile aborigène.

La galerie photos : Pierre, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).
Dans son appartement calme et apaisant, Pierre me raconte son histoire. J’ai l’impression d’être dans un musée… Pierre, passionné par l’art aborigène, a collectionné pendant des années leurs peintures, objets et reliques, qui ornent aujourd’hui son appartement confortable. Il fut un des collectionneur précurseur de cet art. Mais, ayant quitté sa grande maison au bord de mer pour un plus petit lieu bien placé, au coeur de la capitale culturelle australienne, Sydney, il en a vendu une grande partie. Il a aujourd’hui 69 ans et vit depuis 47 ans en Australie. Voici ses mots…

Je suis né a Tourcoing (Nord) le 11 Avril 1942 – Education Commerciale et Textiles a l’EIC, Collège bien connu dans la Région,

Pierre aime beaucoup les livres, et bien le vin ! Le livre est ouvert a une page illustrant les rituels aborigène, d'où en résultent des créations artistiques. À côté, un bon rosée australien.

région qui en ce temps là était la Capitale du Textile Français. Les peignages de laines de Roubaix / Tourcoing étaient connus dans le monde entier. En rentrant du Service Militaire je fus embauché par une petite compagnie en négoce de laines qui avait un comptoir d’achats en Australie depuis les années 1900. Et c’est à l’âge de 22 ans, en 1964 que la Direction m’a envoyé en Australie (12 Aout 1964) avec un contrat de trois ans qui fut renouvelé, puis renouvelé… et ceci est de l’histoire ancienne puisque toujours ici en Australie. Mon travail consistait a acheter aux enchères les laines en « suint » (direct du mouton) dans les qualités demandées par notre clientèle européenne. Les marchés du nord de l’Australie étaient alors Sydney puis Newcastle, puis Goulburn et puis Brisbane. Je voyageais soit en voiture soit en avion…

Après la fermeture de la Compagnie française et après plus de de 22

Rituel matinal : lire le journal, et s'il fait beau à sa terrasse. En arrière-plan : la ville économique, le jardin botanique, le célèbre Harbour Bridge.

ans, j’ai travaillé pour notre Courtier Australien non pas a l’achat mais a la vente des laines… avec pour « dossiers » la clientèle française et italienne… et par un concours de circonstances j’ai « ouvert » pour notre compagnie australienne une clientèle chinoise et delà des voyages en Chine 8 a 10 fois par an.

Vers l’age de 48/50 ans, j’ai décide de travailler pour moi même de la maison – petit bureau – l’age du fax et du portable me donnèrent une liberté totale – notre maison était à la plage. En short et les pieds dans le sable j’étais devenu « agent » pour des Coopérations Chinoises Gouvernementales.

À l’age de 56 ans et suite aux lois australiennes j’ai pu avoir accès aux fonds de Retraites. Mon émigration fut, en fait un rêve devenu réalité – car a l’age de 22 ans je suis venu ici tous frais payes avec un contrat de trois ans,

Détail d'une toile aborigène. Les petits points sont normalement réalisés à même le sol, sur le sable, avec des pigments. Artist : KATHLEEN PETYARRE , 122 c m x 122 cm, 2005 -Artiste represente dans plusieurs musees dont celui de Lyon et Quai Branly.

puis 2 a 3 mois de vacances – Ceci parait trop beau – en fait, a l’age de 27 ans je fus le seul responsable du Comptoir d’achats – seul. Je travaillais souvent 60 a 70 heures par semaine sans compter les heures de déplacement mais j’étais mon propre « patron ». Tous les deux ans je retournais en France pour rendre visite à la direction principale. Ensuite lorsque j’ai travaillé pour la compagnie australienne je rentrais en France tous les ans ou deux ans. En arrivant ici en 1964, la communauté française toute originaire du Nord (Laines) était assez nombreuse – et après plus de deux ans je me suis rendu compte que si je devais progresser dans mon intégration australienne, je devais m’éloigner de ce milieu… C’est alors en 1967 que j’ai rencontre mon ami Ken (partenaire) avec qui j’habite toujours depuis plus de 44 années. Ken était étudiant en Pharmacie a l’Université de Sydney et maintenant aussi en retraite après avoir eu plusieurs pharmacies.

Etre « gay » en Australie dans les années 60’s ne m’a jamais troublé – je fus accepte immédiatement par la famille de Ken – très conservative et de la campagne du nord – et Ken fut admis dans ma

Tous les matins à 10h une chaine australienne diffuse le journal français de la 2. Pierre essaye d'être au rendez-vous.

famille comme un deuxième fils de mes parents et oncle de mes neveux et nièces. Nous sommes allés très souvent en France – l’année dernière par exemple, nous avons vécu près de quatre mois en Provence – nous avions loue une petite maison dans un village très champêtre. Bien sur au début, ma famille française me manqua et petit a petit fut remplacée par celle de Ken et sa famille et surtout par nos amis qui sont de toutes provenances (Sud Africains , Allemands, Anglais, Écossais, Irlandais etc..etc.. australiens bien sur… gais et non gais… à notre réveillon du Nouvel An par exemple nous étions quatorze avec neuf différentes nationalités de naissance mais étions tous maintenant australiens !!!

Chouette aborigène. Provenance : Utopia - Artist : EMILY KNGWARREYE - Hauteur 51 cm – 1996/1997.

Oui, j’ai gardé mon passeport français… mais je ne sais pas pourquoi… car je ne l’utilise plus dans mes voyages – car voyageant avec Ken je préfère que nous ayons des passeport identiques – Oui, j’ai la nationalité australienne depuis 1975. Donc je vote (vote obligatoire ici sinon amendes) et je suis la politique australienne de près. Après tant d’années a l’étranger je me sens totalement intègre (tradition australienne : par exemple on Australia Day, puis l’Anzac Day… où on se retrouve entre amis. À l’Anzac Day on se lève a 3 heures du matin pour aller au Monument du Soldat Inconnu a Sydney pour la cérémonie très touchante a 4.00 du matin – commémoration de la grande défaite de la bataille de Galipolli (Turquie) où des milliers australiens et néo zélandais, tous volontaires ont été tués. Venant de la Flandre où a la première guerre (14/18) les australiens ont souffert également de lourdes pertes (Fromelles par exemple) assister a ces cérémonies m’est devenu une obligation annuelle.

Pour finir… Un conseil à donner pour les français qui viendraient visiter l’Australie ? `

Pour ceux intéressés a venir nous voir en Australie… laissez vos préjudices (raciaux, religieux, sexuels…. ou autres… ) outre-mer. Vous vous sentirez allégés…et revitalisés…

La fabuleuse histoire de Dominique… Pourquoi vit-elle depuis 29 ans en Nouvelle Zélande ?

février 26th, 2011

La galerie photos :Dominique, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).  

Dominique, apprêtée pour aller au marché de Oamaru, la plus proche des grosses villes aux alentours

Iris, fleur préférée de Dominique

   

    

Dominique Davaux vit depuis 29 ans en Nouvelle Zélande, avec John, son mari, australien…  

Je l’interviewe dans sa salle à manger, autour d’une tasse de thé (reine des prés, qui à un goût délicieusement surprenant, car de leur jardin). John, qui parle un peu le français, s’éclipse au bout d’un moment car il doit retourner s’occuper du jardin, et ne veut pas nous déranger. Elle prend le temps de me raconter et cherche certains mots français, qui ont fini par se cacher dans un coin de sa mémoire. J’ai vécu à leur rythme pour réaliser ce reportage et en suis ressortie revitalisée !  

D’où viens-tu ? 

De Vert-Galant, en région parisienne, 93 qui était le 78 à l’époque. 

Pourquoi as-tu décidé de partir de France ? 

Car j’ai rencontré John ! Il est arrivé en France par un ami qu’il avait rencontré en Indes et qui lui avait dit de venir le voir. J’étais dans un village dans le Tarn et Garonne, où son ami était aussi. 

Avais-tu déjà eu l’occasion avant de vivre plus ou moins longtemps à l’étranger ? 

Non. D’ailleurs je n’avais aucune intension d’émigrer, je ne savais pas que j’étais une émigrée. Et je ne savais pas du tout où était l’Australie, et encore moins la Nouvelle-Zélande ! Dans l’avion, pour notre premier voyage, aux Philippines, sans air conditionné nul part lors des connections alors qu’il faisait une chaleur étouffante, je me suis dis : « Mais où on va comme ça ? On n’est pas encore arrivés ?! » Ahlala… La naïveté ! Sinon je ne l’aurais pas fait ! C’était de l’inconscience complète. 

Maison à Waimate

Pourquoi la Nouvelle Zélande ? 

Complètement par hasard ! On est arrivés en NZ en 1980. On a vécu un an à Melbourne avant, mais John en avait marre. Avant ça il avait beaucoup voyagé en Asie et il ne supportait pas de vivre dans cette grosse ville. Il y avait trop de différence avec tout ce qu’il avait fait et vu pendant tous ses voyages, avant d’arriver en France. On a donc commencé à voyager avec une grosse voiture et une tente depuis Melbourne jusqu’au nord de l’Australie en suivant la côte est, et un peu à l’intérieur des terres. À Cairns en campant nous avons rencontré Sheila, américaine et John Hayes, anglais. Ils voyageaient avec une camionnette bien aménagée et un album de photos qu’ils nous ont montré. Dans ce dernier John Hayes montrait les chantiers qu’il avait effectués, dont une salle de méditation dans une communauté bouddhiste réalisée au nord de Sydney, dans la forêt indigène. Sur la page d’à côté il y avait une photo d’une petite maison et nous avons demandé ce que c’était. Ils ont répondu que c’était leur maison en NZ où ils ont habité pendant 3 ans mais où ils ne voulaient pas retourner. Ils voulaient la vendre. John a dit : « Oh ! Une maison à la campagne, pourquoi pas ! » Ils ont donc effectué une transaction avec un notaire néo-zélandais qu’ils connaissaient. 

Souvenirs de France, Nouvelle-Zélande et autres

Vous n’aviez pas encore vu la maison ?  

Non, juste quelques photos ! Puis on a passé quelque temps avec ce couple (pour ne pas les perdre de vue tout de même !), on a visité des coins magnifiques… En octobre 1981 nous sommes donc allés en NZ. Arrivés à Christchurch on s’est d’abord dit « quelle horreur !».  

À Melbourne John travaillait dans les toitures et moi je m’occupais du bébé, notre première petite fille. Pour moi habiter Melbourne était comme un retour en arrière : j’ai habité à Paris jusqu’à l’âge de 23 ans (1976) puis à La Baule et au Lot-et-Garonne dans le Tarn et Garonne, où j’avais appris à jardiner.  

À Paris, je commençais à voir « noir, noir, noir ! ». Je travaillais dans une bibliothèque où on a dû nettoyer tous les livres ! Cette poussière noire accumulée pendant toutes ces années… Et le bruit constant… Mais arrivée ici certaines choses me manquaient : les expositions, les bons films, pouvoir discuter avec les gens… Melbourne est en fait différent, pas du tout comme Paris : le CBD  

Cuisine saine et équilibrée

(quartier financier) a des gratte-ciel –encore quelques petits immeubles coincés au milieu- mais est assez petit. Autour de ça c’est la banlieue. Il fallait donc une voiture, alors qu’à Paris je marchais partout. À Melbourne les avenues me semblaient immenses, très larges, ça n’était pas possible de se déplacer ainsi ! Il y avait quand même des cultures différentes, par exemple un quartier avec des Turcs, des Grecs, ou le quartier italien, d’autres quartiers espagnol et portugais, vietnamien, chinois… C’est une ville dynamique avec pas mal de bonne nourriture, si tu sais où aller !  

Donc arrivés à Christchurch on s’est dit  qu’il n’y avait rien ! C’était le désert culturel et gastronomique ! En plus de ça nous avions conduit en voiture sur la nationale 1, qui à cette époque était vide, c’était tout rectiligne : la nationale, la voie ferrée, les lignes électriques et les haies d’arbres… On s’est demandé ce qu’on avait fait !  

Mais on a trouvé que les gens étaient tellement sympathiques, aimables, serviables… Nous avions les contacts de John et Sheila, qui avaient prévenus leurs amis. Nous avons même passé la première nuit avec le notaire, sa femme et ses enfants ! Ils sont tous arrivés avec des aspirateurs, chiffons, balais, seaux pour nettoyer la maison. C’était à Morven. Avant c’était un bourg, à côté de la ligne de chemin de fer où il y avait dans les années 80 tout ce qu’il faut pour un village dynamique : un épicier, un charcutier, un boulanger, un tea room (café pour que les gens qui s’arrêtaient en train puissent manger leur sandwich et boire une tasse de the) et la gare bien sur… Mais  

Artichauts bio

 

quand nous sommes arrivés il n’y avait déjà plus rien du tout. Quand nous avons vu tout ces gens si sympathiques nous avons pensé que finalement c’était pas mal ! Ils ont fait venir un électricien qui a tout remis en marche, car il y avait une pompe. Et voilà, de fil en aiguille…  

En avril 1982 je suis rentrée en France pendant 5 mois, 2 ans après mon départ de France. J’espérais peut-être trouver un filon qui pourrait me faire rester, mais non, il n’y avait rien ! C’était sympa de revoir tout le monde bien sûr, mais en fait je me suis dit « c’est bizarre, il n’y a aucune avenue qui puisse me retenir… Il n’y avait rien du tout, donc je suis rentrée !  ». Mais j’ai pu échapper au premier hiver ici ! Mais pas John, lui il a eu vraiment froid pour la premiere fois de sa vie et travaillait pour un fermier.  

Après ça on a voulu acheter une petite propriété, pas seulement un lopin de 0.4 hectare ! Nous voulions un peu plus de terre. Nous ne voulions pas rester dans la région parce qu’il y avait trop à restaurer dans cette maison qui n’était pas vraiment pratique (pas de toilettes, trop rustique !). À Waimate il y a quelques collines, c’est plus beau, mais Morven est tres plat. Donc nous avons voyagé dans toute la Nouvelle-Zélande. C’était en Mars et il pleuvait beaucoup sur la cote ouest. Nous sommes donc allés de l’île du sud à l’île du nord. Nous allions d’agences de logement à agences pour visiter des maisons. Nous avons vu des endroits magnifiques mais sans trouver de propriété, avec l’idée de fonder notre ferme biologique. À ce moment-là, la spéculation pour les terres avec des plantations de kiwis rendaient ceci très cher. Nous n’avons pas trouvé malgré notre grand tour, donc nous sommes rentrés. Après ça, notre fils Raphaël est né.  

En 1984, le notaire qui nous avait aidé à acheter notre petite maison depuis l’Australie nous a trouvé un terrain de 15 acres (6 hectares) à Morven, où c’est aussi assez plat, mais au moins pas trop cher ! C’est comme cela que nous avons commencé… Mes parents sont venus à cette période, pendant que John finissait de construire la maison, mais ce fût leur 1er et dernier voyage car c’était trop loin, ils ont trouvé le voyage trop long.  

John et Dominique dans leur jardin

John et Dominique dans leur jardin

 

Une fois que nous avons aménagé nous avons eu une inondation, le 13 mars 1986. Les digues des rivières ont éclaté. Ceci est arrivé dans notre maison « neuve » alors que nous déballions encore nos cartons. Il nous a fallu plusieurs mois pour tout réparer, et nous avions les deux enfants, c’était dur. Une fois remis nous avons commencé le maraîchage biodynamique, mais nous avions besoin d’une certification temporaire. Une fois par an nous avions un inspecteur de l’association de biodynamie qui venait aussi nous conseiller. Nos voisins assez âgés, « born and bred » comme on dit ici (né et élevé) là nous ont également dit comment faire, ce que nous ne pouvions pas apprendre dans les livres. Au début il n’y avait pas tellement de marché, les magasins bio n’existaient pas, il n’y avait que quelques coopératives ici et là. Il n’y avait pas de livreur non plus à cette époque. Mais petit à petit les lois ont évolué et donc les compagnies de transporteurs ont été autorisées et sont devenues de moins en moins cher. Au début nous avions surtout des légumes, dont beaucoup que les gens ne connaissaient pas, comme le céleri rave, la mâche, le fenouil, pâtisson. La nourriture des gens n’était pas très variée. Nous faisions aussi pousser des plantes chinoises et japonaises, comme des sortes de radis et la mizuna. Il a fallu « éduquer » les gens. J’envoyais des recettes. Petit à petit nos clients ont essayé les choses. Mais les carottes ont été ce que nous avons le plus vendu.  

Après des boutiques bios ont commencé à ouvrir un peu partout et nous avions aussi des clients directs dans des coins isolés. Pour eux je commandais et distribuais d’autres fruits ou légumes qui ne poussent pas chez nous à cause du climat, comme les avocats et oranges. Mais dans l’idée nous essayions de ne pas trop faire dépenser d’énergie en transport.

Au fil des années nous avons organisé des séminaires pratiques sur les méthodes biologiques et biodynamiques ou sur la permaculture.  Ou bien nous avions des groupes de jardinage qui venaient en visite.  Nous hébergions des étudiants du cours en culture biologique du collège polytechnique de Christchurch pour leur stage.

Une des promenades préférée de Dominique, sur la colline de Waimate

 

Vous n’étiez que tous les deux pour faire tout cela ?  

Au début oui. Puis nous avons employé quelqu’un 2 à 3 jours par semaine.  Elle a même gardé la propriété et  fait les commandes pendant nos voyages en France ou Melbourne.

Nous avons arrêté et vendu notre propriété en 2004, ce qui fait exactement 20 ans, car nous voyions bien que si nous n’arrêtions pas à ce moment-là nous n’arriverions pas à nous reconvertir. Nous ne voulions pas attendre jusqu’à ce qu’il y ait trop de travaux à faire dans la propriété. Nous voulions qu’elle reste belle et propre, bien entretenue, qu’elle garde sa valeur. En plus pour bien s’occuper d’une grande propriété comme cela ça coûte assez cher. Par exemple après 15 ans nous avons dû faire tailler ou faire abattre les arbres plantés à notre arrivée qui prenaient trop de place et faisaient trop d’ombre. Les élagueurs sont chers ! Nous avions planté nos arbres selon les conseils de livres sur la Permaculture mais dans la réalité cela était un peu différent ! Nous utilisions une débroussailleuse autour des jardins et une grosse tondeuse autour des arbres ; en fait nous utilisions quand même pas mal d’essence. Donc nous nous sommes  

John et Dominique, toujours amoureux

 

dit qu’il était temps d’arrêter. Nous voulions quand même continuer de cultiver sur un plus petit terrain. Mais encore une fois ça n’était pas la période idéale pour l’immobilier. En deux mois, entre mars et mai 2004, l’immobilier a augmenté de manière frénétique ! Donc nous avons loué une maison dans une ferme pendant 3 ans pendant que nous cherchions. Nous voulions faire un bed & breakfast, avec un grand jardin et verger toujours dans la biodynamie. Nous avions même fait les plans de la maison ! Et John aurait pu donner des cours de yoga et des massages aux clients du B&B. Mais nous étions difficiles et n’avons jamais trouvé ! Finalement nous nous sommes décidés pour cette plus petite maison avec un petit terrain, où nous sommes aujourd’hui. C’est la première fois que nous vivons en ville depuis Melbourne en 1980/81.

Et les enfants étaient partis alors ?  

Oui, pendant sa dernière année de lycée, Arwen est partie en France pendant 11 mois en échange de lycéens avec une association, et après ça, en 1997 quand elle est rentrée elle est allée étudier et travailler à Dunedin. Notre fils Raphaël est allé étudier en 2001 à Nelson.  

Et aujourd’hui ils vivent en Europe ?  

Notre fille est partie en 2001 et n’est jamais revenue. Je pensais qu’elle allait aller en France car à son retour de son échange son français était quand même assez bon. Pas assez pour passer son Bac français à Orléans, où elle était, mais quand même elle avait un bon niveau. Mais en France c’est assez compliqué. Alors elle est allée en Angleterre où elle a rencontré un anglais et où trouver un travail est plus facile qu’en France, et même qu’ici. Plus facile au niveau de l’expérience et du niveau de diplôme, ils font plus confiance. On peut aussi évoluer hiérarchiquement de manière assez incroyable. Elle a rencontré un anglais de Cambridge et elle est donc restée à Cambridge.

Quant à notre fils, il s’est pas mal baladé. Il a passé 4 ans environ à Melbourne et il a renouvelé les contacts avec la famille de John là-bas.  Puis il a travaillé en Angleterre de 2008 à 2010 avec sa copine néo-zélandaise. Mais sa copine n’avait qu’un visa de deux ans et ils ne pouvaient donc pas rester plus. Lui il a un passeport français, par moi, un  

Maison à Waimate

 

passeport australien par John, son père qui est australien et un et néo-zélandais, étant né et ayant grandi ici. Il aurait donc pu rester plus longtemps.  

On peut donc avoir 3 passeports ?  

Oui, mais c’est intéressant de remarquer que John, étant australien, n’est pas autorisé à avoir une autre nationalité. Il ne peut pas devenir néo-zélandais, sinon il perd sa nationalité australienne. Mais pour les enfants qui sont australiens par  la descendance c’est possible.  

Et toi ?  

Je suis devenue naturalisée néo-zélandaise en 2006. Il m’a donc fallu pas mal de temps ! (rires) 1981 à 2006 ! Les gens ont d’ailleurs été surpris de découvrir que je ne l’avais pas encore fait. Il y a eu une cérémonie à la mairie avec les gens officiels,  le maire en uniforme avec sa chaîne sur la poitrine, on doit mettre sa main sur la bible et faire son allégeance à la reine.  Puis on reçoit un certificat et un cadeau.

Mais es-tu toujours Française aussi ?  

Oui, et je voyage avec mon passeport français.  

Il y a quelques pays, tels que les Etats-Unis, pour lesquels voyager avec le passeport néo zélandais serait plus simple, étant donnés certains accords…  

Ah oui ! Oui, oui, c’est vrai ! Mais bon de toute façon nous n’allons qu’en France, en Angleterre et en Australie. Mais en effet en tant que Française pour l’Australie j’ai besoin d’effectuer une demande de visa, alors qu’avec mon passeport néo-zélandais je n’aurais pas besoin.  

Et quand tu es arrivée ici au début quelles étaient tes possibilités de travailler ?  

Ma formation à Paris était bibliothécaire mais au début mon anglais n’était pas assez bon pour travailler dans ce secteur ici. Étant à notre compte, sans travailler dans le secteur d’où je venais (bibliothécaire), je n’ai pas eu de démarche spéciale à faire.  

La charcuterie « Havoc » à Waimate, spécialiste du porc!

 

J’étais mariée à John et avais mon visa (la résidence) pour l’Australie et ensuite pour la Nouvelle Zélande. Mais quand nous avons voulu acheter la propriété il a fallu une autorisation de Wellington, du département des Affaires Intérieures, à cette époque-là. Et peut-être que ça va redevenir comme cela car il y a beaucoup d’étrangers, trop peut-être, qui ont acheté des grandes superficies de terre en Nouvelle-Zélande. En 1983 il fallait des autorisations pour cela.  

Comment vis-tu ton émigration ?  

Pffff… C’est trop loin ! Le pire était en 1984 lorsqu’il y a eu « l’attentat » du Rainbow Warrior. On m’a fait beaucoup de blagues, les français ont eu très mauvaise réputation et il y a eu un appel au boycott des produits français. Surtout qu’une des personnes du trio responsable s’appelait Dominique  (Prieur).

Les seuls longs voyages en France que nous avons faits étaient en 90 puis en 98. C’était 4 ou 5 mois, pour avoir le temps de voir toute la famille, de se réhabituer à la culture française et à la langue, le temps de se remettre dans le bain de tout et de bien apprécier le style de vie et tout ça. Mais en 2003, 2007 et 2010 nos retours ont été bien plus courts et alors on s’est dit que c’était bien trop loin et trop cher.

Que te manque-t-il de France ?  

Maintenant ça va, je suis hybride. Je connais mieux l’histoire et connaissance de la Nouvelle-Zélande. Mais il me manque les jolis villages, les jolis châteaux, les expositions, la langue (sauf le français parisien que je n’aime pas tellement- mais je trouve le français du sud ouest par exemple très beau). Au lycée j’étais très bonne en français et en littérature française. J’ai été surprise ici de découvrir comme j’étais identifiée à toutes ces choses.  Il a fallu que je me réinvente, en quelque sorte.  Pour la nourriture ça va car on peut maintenant trouver du bon pain, des  

Dominique achète de la charcuterie locale

 

croissants, de la bonne huile d’olive, mais au début quand on est arrivé… Aïe, aïe, aïe ! Le vin était très cher et importé. Mais la Nouvelle-Zélande a beaucoup changé depuis ; ce qui facilite les choses. Sauf qu’il n’y a toujours pas beaucoup d’histoire…  

Et la famille ?  

Oui cela devient difficile, surtout avec ma mère qui est âgée maintenant, qui a du mal à marcher… Et aussi je n’ai jamais vraiment connu mes neveux, ou plutôt le contraire : ils ne nous ont jamais vraiment connus. Et ça, ça m’a vraiment manqué. Si nous avions vécu en France, par exemple, nos enfants auraient eu des vacances ensemble. J’ai une soeur qui a quatre enfants. J’aurais pu avoir ses enfants ici en vacances par exemple, mais ils ne sont jamais venus.  

Lors de notre dernier retour, un de nos neveux a pour la première fois suggéré l’idée de venir visiter la Nouvelle-Zélande. Mais lui il a déjà voyagé au Japon, donc il a l’esprit plus tourné vers le voyage.  

Cette année nous avons rencontré un jeune français, Pierre, qui étudie la biologie ici et avait eu un stage pratique dans le Lot-et-Garonne où il connaissait des gens que je connaissais aussi à l’époque où j’habitais là bas. Et par hasard nous nous sommes rencontrés. Il a passé une semaine avec nous.  Il passe un an en N.Z. et va bientôt repartir. Il a eu trois ou quatre visites de sa famille en une année ! Il a le même âge que notre fils et nos neveux et nous avons développé avec Pierre une relation comme de neveux à oncle et tante.

Aussi aujourd’hui les moyens de communication ont beaucoup évolué, avec Skype on peut parler à la famille, n’est-ce pas moins frustrant qu’avant ?  

Oui, pour nous quand on voyageait en Australie, notre seul moyen de communiquer était d’envoyer des courriers à la poste restante; on devait prévenir à chaque lettre la prochaine ville où nous pourrions récupérer la réponse !  

Séances quotidienne de yoga dans le studio collé au jardin

 

Qu’as-tu conservé de ton identité nationale ?  

Mon nom sur mon CV (j’ai gardé mon nom de jeune fille, Davaux), que personne ne sait prononcer, sonne faux. Dans les questionnaires que j’avais à remplir par rapport à mes études, comme il n’y avait pas d’équivalent et que personne ne connaissait mon lycée ni mon école supérieure, je n’étais pas vraiment considérée car je n’avais pas un diplôme d’ici.

Je me demande ! Il faut demander à nos amis !

 

Peut-être quelques expressions de langage, des interjections sûrement, et un peu d’accent.

 

En parlant avec un ami japonais la semaine dernière je me suis rendue compte que dans ma vision du monde je suis très euro-centrique, alors que lui est très « asia-centrique ». Quand il parle d’apprendre un peu plus sur ses voisins, il parle de la Malaisie par exemple. Alors que moi je vois tout du point de vue de l’Europe de l’Ouest.

Te sens-tu intégrée par rapport à la langue?  

Pour la langue oui maintenant mais pendant longtemps j’ai eu des problèmes avec l’accent tonique (et encore parfois  

Tea time chez des amis américains

 

aujourd’hui). Pendant des années j’avais horreur du regard des gens qui ne me comprenaient pas !  

Combien d’années cela t’a pris pour te sentir vraiment à l’aise ?  

15 ans au moins ! Et pour me sentir complètement bilingue 20 ans ! Et encore, j’étais bonne en anglais, c’était mon sujet favori au lycée.  

Te sens-tu intégrée à la politique ?  

Oui je fais partie des « Verts ». J’ai toujours été écologiste. Mais en France il n’y avait pas encore de parti vert quand je suis arrivée. Ce parti rassemble toujours au moins 7% des voies. C’est le troisième petit parti ici.  

Te sens-tu intégrée à la vie ici ?  

Oui, on fait partie d’une association de jardinage. Je n’aime pas tellement la manière dont l’association fonctionne : avec un président, un secrétaire, un trésorier. Les réunions sont assez formelles.  

Mais on connaît beaucoup de gens maintenant. C’est l’avantage de ne pas avoir tellement bougé. Nous avons des amis américains qui ont tellement bougé que l’on se demande toujours comment peuvent-ils mettre des racines et bien connaître les gens ? J’aime le fait de savoir où trouver un artisan qui puisse nous aider à résoudre tel ou tel problème par exemple.  

Te sens-tu intégrée aux traditions néo-zélandaises ?  

Je les trouve moins colorées. Mais je suppose que c’est partout pareil. Du fait de l’urbanisation les traditions se perdent, c’est de moins en moins coloré partout…  

Un exemple ?  

Les fêtes populaires, les bals, comme le 14 juillet, ça n’existe pas ici. Et tout ce qui vient des rituels religieux. Je pense que ces choses se sont perdues quand les colons sont arrivés du fait qu’ils ont voyagé pendant trois mois en bateau, puis qu’ils étaient  

Dominique et John font leur propre miel

 

isolés de leur civilisation originelle par la suite.  

Quoi que, par exemple, en architecture certaines constructions viennent directement d’Angleterre.  

Il y a les traditionnels fish and chips (poisson frit et frites) du vendredi soir, les pubs, mais j’ai horreur des pubs !  

À notre arrivée il n’y avait pas de café. Depuis les 10 dernières années il y en a plein qui sont apparus.  

As-tu déjà ressenti quelconque discrimination ?  

Le drame du Rainbow Warrior (« Green Peace ») m’a touché.  

Tant que nous étions à notre compte ça allait, mais quand j’ai essayé de trouver du travail, là ça a été beaucoup plus difficile. Mon nom sur mon CV (j’ai gardé mon nom de jeune fille, Davaux), que personne ne sait prononcer, sonne faux. Dans les questionnaires que j’avais à remplir par rapport à mes études, comme il n’y avait pas d’équivalent et que personne ne connaissait mon lycée ni mon école supérieure, je n’étais pas vraiment considérée car je n’avais pas un diplôme d’ici.

Vis-tu entourée de français ?  

Non !  

D’autres étrangers ?  

Oui on a tendance à se retrouver avec des gens qui sont en biodynamie, en yoga et en art. Et nos amis proches sont souvent étrangers (Américains, Canadiens, hollandais ou Anglais), ou bien des gens qui ont beaucoup voyagé.  

De locaux ?  

Oui quelques-uns, des voisins…  

As-tu pour projet de revenir en France ?  

Des fois, on se dit « Oh oui ! ». Mais comme John a sa mère assez âgée en Australie, à 3h d’avion, nous ne pouvons pas partir, elle ne comprendrait pas. On est habitué à ici. En France ça ne serait pas évident non plus car je ne suis pas sûre que John  

Désherbage et jardinage : premier passe temps de Dominique et John

 

pourrait rester vivre en France facilement. Quand même après notre grosse inondation et quelques années à vivre ici avec tout ce vent du sud froid, et la brise de l’Est qui apporte des tempêtes, je me disais qu’en France je n’aurais connu ce temps et que ça serait peut-être mieux ! Mais au moins ici on n’a pas de risque d’incendie comme dans l’état de Victoria.

Te sens-tu plutôt Française ou citoyenne du monde ?  

Les deux peut-être… C’est dur de répondre à cette question.  

Pourquoi as-tu fait les démarches pour obtenir la nationalité néo-zélandaise ?  

Juste au cas où… Car pendant un moment il y a eu des mouvements contre les étrangers. Aussi étant plus proche de la retraite que de ma jeunesse, j’ai eu peur que les lois changent contre les étrangers par rapport aux retraites.  

À quelle fréquence rentres-tu en France ?  

La 1ère fois c’était 2 ans après avoir quitté la France, puis 8 ans, avec Arwen et Raphaël, mais c’était trop long. Tellement de choses avaient changées, même la langue ! Ensuite encore 8 ans, Avec Raphaël seulement, aussi trop long ! Les gens changent aussi… Ma grand-mère était décédée entre temps.  Mon père était très malade.  J’avais perdu contact avec mes bons amis.  Puis 5 ans, ça allait mieux. Et après 4 ans, on a fait un effort pour les 80 ans de ma mère. Puis 2 ans après, cette année en 2010 (parce que notre fille a eu des jumeaux à Cambridge) et c’est mieux quand c’est plus rapproché. Mais le problème est financier. Auparavant nos retours étaient toujours très longs, maintenant nous n’avons que 5 semaines de libre.

Aurélien, 28 ans, ingénieur pour DHI, vit à Auckland depuis 2 ans.

octobre 28th, 2010

En haut de la Sky Tower, la tour la plus haute d’Auckland, 328 mètre, d’où on peut admirer un magnifique couché de soleil sur la ville.

Visitez la galerie photo : Aurélien, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Aurélien est ingénieur pour DHI (Danish Hydraulic Institute). Il modélise des rivières, effectue des études d’inondation, de pollution de rivières, étudie des données avec des modèles pour savoir comment se représentent les rivières (écoulement, niveau d’eau etc), retranscrit ceci pour savoir où sont les endroits sensibles de la rivières, où placer des murs de protection… En Nouvelle Zélande la demande est forte dans ce secteur car beaucoup de néo-zélandais ayant un diplôme approprié partent travailler en Australie pour « mieux gagner leur vie et avoir plus de soleil ! » Dans son entreprise, plus de la moitié des travailleurs sont des étrangers.

Depuis la Sky Tower, la vue s’étale jusqu’à 80 km au large. La colline que l’on distingue au loin est le volcan (inactif) Rangitoto, où l’on peut faire des randonnées.

Peux-tu décrire ton travail, comment t’es-tu retrouvé ici ?

Je faisais un stage en entreprise en France. À la fin de ce dernier j’ai cherché du travail, mais sans envie de rester en France. J’ai donc envoyé des CV dans différentes branches de cette même entreprise, dans monde entier, en espérant aller soit en Amérique du sud, soit en Asie ou en Espagne. Mais je me suis finalement retrouvé un peu par hasard en Nouvelle Zélande ! Ils cherchaient quelqu’un correspondant à mon profil, je me suis dit « pourquoi pas ! », et en un mois j’étais ici !

… Pas le temps de réaliser !

Surtout pas le temps de trop réfléchir. Si je m’étais trop posé de questions, je ne serai jamais parti ! C’est un réflexe pour moi : « oui ou non » !

… Mais est-ce que ce travail t’intéressait aussi ?

Oui, mais en fait j’aurai pu le faire n’importe où. Je pense que si j’avais pesé le « plus » et le « moins », trop de choses m’auraient retenues. Je suis partie dans l’esprit « bon ben j’essaye et on verra ! ». Maintenant, je pense que c’était vraiment une bonne idée, je ne regrette pas.

Sur la route pour aller au travail d’Aurélien, vue sur le port d’Auckland depuis le pont qui mène au nord de la ville.

Et tu pars en Malaisie pour le travail pendant un mois alors ? (m’a-t-il glissé avant l’entretien)

Ou car en ce moment j’évolue dans mon métier : je m’occupais de rivières et maintenant je vais m’occuper des océans (ports, plages…). Mais la seule personne qualifiée ici n’a pas le temps de me former. La bas, il y a plein de personne compétentes qui peuvent me former.

Peux-tu nous raconter ta vie depuis ton arrivée : recherche d’appartement etc. ?

Le problème avec mon entreprise est qu’elle est assez excentrée. Au début j’ai cherché dans la banlieue, à côté du travail. Mais la Nouvelle Zélande est un pays assez calme. Même Auckland qui est une ville assez dynamique reste calme en dehors du centre ville. Donc comme je m’ennuyais en banlieue, bien que en collocation, après six mois j’ai décidé de déménager. Il ne se passait rien le soir : télé, boulot… Depuis que je vis au centre ça va mieux, j’ai une vie plus sociale. J’ai donc d’abord aménagé dans une grande maison avec 20 personnes, où j’allais de plus en plus souvent pour des soirées, voir mes amis… Puis quelque temps après j’ai déménagé avec 3 amis français car nous avions l’opportunité de vivre dans une belle maison, pas chère et bien placée. Mais je vais déménager bientôt encore car un des français va rentrer en France et les deux autres partent vivre au Canada.

Le lieu de travail d’Aurélien, excentré au nord d’Auckland.

J’ai remarqué que par rapport à lorsque j’ai pu étudier à l’étranger, il est beaucoup plus difficile de rencontrer des gens maintenant que je travaille. Étudiant, je ne cessais d’avoir des activités et de rencontrer du monde, maintenant je suis 8 à 10 heures par jour au travail, devant mon ordinateur, et donc rencontrer du monde demande un plus grand effort.

Et donc rencontres-tu du monde dans des activités ?

En fait il y a ici un énorme turn over, j’ai de très bons amis pendant 6 mois -1 an, puis ils partent. Donc je me rends compte que beaucoup de gens partent et me demande si moi aussi je ne devrais pas partir ? Le problème c’est que toutes les personnes que j’ai rencontrées sont amenées à partir. Ayant parlé de ceci à d’autres amis qui sont là depuis un moment ceci semble être courrant. Ils m’ont tous dit qu’au bout d’1 an-1an1/2 en Nouvelle Zélande tout le monde partait, mais ils ont finalement rencontré de plus en plus de locaux. Le problème c’est que ces relations mettent du temps à venir et je n’ai pas encore vraiment mon noyau d’amis locaux.

Le lieu de travail d’Aurélien, excentré au nord d’Auckland.

Que te manque-t-il en France ?

Il y a 3 trucs qui me manquent vraiment : la famille et les amis. Mais pour ça, lorsque tu pars à l’étranger tu sais que c’est inévitable. Ensuite, il y a la nourriture et… Les avantages sociaux ! Ça peut paraître idiot mais les RTT, les 35h, la retraite… Tout ça je ne l’ai pas ici. Ma sécurité sociale est différente car je ne suis pas citoyen résident ici, je n’ai que 4 semaines de vacances…

Sens-tu qu’il y a des choses fondamentalement françaises que tu as gardées en toi ?

J’ai du mal à savoir ce qu’être « français » au final… Des fois je rencontre des chinois avec qui je vais avoir énormément de choses en commun et des français dont je vais me sentir très loin. C’est un peu difficile à expliquer… Mais plus je vois des gens différents plus je me demande ce que c’est qu’être français. Quand je rencontre des français bien sur je me sent un peu plus proche d’eux parce qu’on a les mêmes références (film, music, etc) mais au bout du compte, peut importe d’où on vient, on a tous un peu les mêmes valeurs.

Elevation Café, à la sortie d’Auckland et à l’entrée du parc national Waitakere Ranges. Vue magnifique pour déguster un café après une randonnée en forêt.

Ressens-tu ceci parce que tu as déjà pas mal voyagé avant ?

Oui peut-être… J’ai en effet étudié 2 ans ½ en Angleterre, à Londres puis Newcastle. Entre les deux, j’ai étudié un an en Espagne (ERASMUS). J’ai aussi effectué un semestre en Hongrie et un stage en Inde. Toutes ces expériences étaient vraiment géniales.

Et pour le futur… ?

À moyen terme j’aimerai bien aller en Espagne, mais pas en ce moment à cause de la crise il n’y a pas trop de travail. C’est vraiment un pays où j’ai passé du bon temps. Pour moi l’Espagne c’est comme la France, mais en mieux !

Donc tu ne te projettes pas dans une vie en Nouvelle Zélande à long terme ?

Ben en fait c’est 50-50… je me laisse encore jusqu’à septembre, pour voir si je peux me sentir vraiment chez moi. Et si dans 6 mois je ne me sens pas encore vraiment intégré dans le pays ça sera signe qu’il faut que je parte. Mais la Nouvelle Zelande est vraiment un pays où il fait bon vivre. C’est dans la culture d’avoir une vie sociale et professionnelle très équilibrée, et les gens sont vraiment moins stressés que dans d’autres pays.

Vue depuis Elevation Café sur le parc national Waitakere ranges puis, au loin, Auckland, un jour de brume printanier.

Qu’est-ce qui te fait dire que tu ne te sens pas vraiment intégré ?

J’ai plus d’amis étrangers que néo zélandais. Aussi, je n’ai pas l’impression de vivre le mode de vie néo zélandais qui est principalement base sur le sport (rugby, voile, jogging) et les week-end au vert dans leurs maisons de vacances… Mais bon qu’est-ce que vivre comme un « néo zélandais » ? Je n’ai pas vraiment de réponse non plus…
En tant qu’étranger je ne me sens pas vraiment dans la société, je n’ai pas suffisamment d’amis néo-zélandais pour avoir l’impression d’être immerge dans la vie néo zélandaise.

As-tu déjà ressenti des formes de discrimination ?

Cascade dans la forêt de Waitakere ranges.

Discrimination, non pas vraiment. C’est un pays occidentalisé, la Nouvelle Zélande est un pays jeune avec beaucoup d’émigrés. Les néo zélandais sont vraiment ouverts, et contrairement à la France qui a 2000 ans d’histoire, ici tout le monde est étranger quelque part. Ce qui est marrant c’est qu’ils adorent la France et les français et en même temps ils nous détestent aussi. Le peu d’échanges qu’il a eu entre la NZ et la France sont leur défaite au rugby, le Rainbow Warrior, les essais nucléaires… Et dans ces 3-4 relations les français se sont un peu « moqués » des néo zélandais… donc ce sont des sujets qui reviennent parfois dans les conversations.
En France les discriminations sont beaucoup plus fortes, et ceci ne ma manque pas !
Les néo zélandais sont vraiment gentils et honnêtes. Par exemple lorsque l’on va dans un magasin il peut arriver que le vendeur te dise de ne pas acheter ceci chez lui car c’est moins chère ailleurs !

À quelle fréquence rentres-tu en France ?

J’essaye de rentrer quelques semaines/ un mois par an. Mais comme je n’ai que 4 semaines de vacances par an ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour voyager et profiter de la Nouvelle Zélande. Mais j’arrive quand même à prendre 1 semaine de vacances en Nouvelle Zélande par an, aussi il y a quelques week-end prolongés…

Sur la pointe sud du parc National Waitekere Ranges : Whatipu.

Comment ça se passe au travail ?

Ici l’ambiance est très relaxe, les néo zélandais finissent souvent leur journée vers 16h…

Les photos disponibles dans la galerie Aurélien

Benoît, 33 ans, informaticien pour Telecom, vit à Wellington depuis 5 ans.

septembre 2nd, 2010

L'entretien avec Benoît, le 16 Août 2010 sur le front de mer à Wellington pendant la pause déjeuner. En arrière plan on aperçoit le Mont Victoria.

Visitez la galerie photo : Benoit, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Peux-tu me raconter quel a été ton parcours avant la Nouvelle Zélande ?
Je suis originaire du nord de la France, de Lille. J’ai toujours été très attiré par les voyages. En tant qu’étudiant j’ai voyagé dès que j’ai pu. J’ai fait un stage de 6 mois en Bavière et un autre au Canada (à Montréal).

Tu parles allemand aussi alors ?

Oui, un allemand bavarois !
Ensuite en 1999 je suis rentré et ai travaillé en France. Ceci ne me convenait pas, mais en 2001, alors que j’étais consultant, j’ai

Pyramide divisée en deux, l’une représentant l’île du nord : Te Ika-a-Māui (« le poisson de Māui »), et l’autre l'île du Sud : Te Wai Pounamu (« eaux de jade ») ou Te Waka-a-Māui (« le waka de Māui »). Le sommet est vert comme la jade, pierre précieuse et traditionnelle de Nouvelle-Zélande. Le pays aurait été découvert vers l’an 900 par le navigateur polynésien Kupe qui aurait d’abord vu la couverture de nuages sur le pays, d’où le nom maori Aoteroa (« le pays du long nuage blanc).

été envoyé un peu partout en Europe. Ceci m’a « sauvé » car à Paris j’avais l’impression de faner… Je suis donc retourné en Bavière en 2001, en 2002 en Autriche, en 2003 j’ai été envoyé en Angleterre…

Tu faisais des allers-retours ou tu vivais là bas ?
Je partais le lundi et rentrais le vendredi, dormais dans des hôtels. Je suis aussi allé en Suisse, Belgique, l’Espagne… Nous avions déménagé à Lille. En 2005 ça commençait à être difficile en terme de relation, pour construire quelque chose, donc j’ai décidé d’arrêter ce travail. Je savais que je n’étais pas intéressé par rester vivre en France. Ca fait 13 ans que je suis avec Seb et lui les voyages à l’étranger ça n’est pas son truc. Mais pour moi c’était essentiel. Finalement on s’est mis d’accord sur le fait que nous allions déménager. Au début nous pensions rester en Europe, moi j’avais envie de Stockholm, lui de Barcelone… Pour lui les journées trop courtes de Stockholm ça ne lui allait pas, pour moi Barcelone était une trop grande ville. Donc on a fini par se mettre d’accord sur Munich. Puis en en discutant avec un copain, nous nous sommes dit que quitte à recommencer de zéro, autant recommencer dans un endroit qui nous plaisait vraiment. Et en fait Munich était plutôt un compromis. Du coup on a décidé de partir en Nouvelle-Zélande parce que c’était vraiment la destination qui nous faisait fantasmer.
Donc en 2005 on arrive à Wellington (sans être jamais venu), on se donne 3 mois pour voir si ça nous plait et pour trouver un boulot. Et les deux ont été comblés à 100%. En décembre nous sommes rentrés en France pour noël et pour prendre nos affaires. En janvier 2006, nous voilà à Wellington avec un boulot, et la maison que nous habitons encore aujourd’hui.
Tout s’est passé vraiment vite alors !
En fait nous avons d’abord loué et depuis quelques mois nous l’achetons.
Et donc votre vie est ici alors ?

J’ai demandé à Benoit qu’il m’emmène dans un de ses endroits favoris. Il s’agit de Breaker Bay à 5 minutes en voiture de chez lui. Un grand bol d’air !

À vrai dire pour moi l’intérêt au début était de voyager. Quand j’en discutais avec mes parents, ils n’étaient pas ravis de me voir partir si loin… Mais j’avais surtout l’expérience du Canada en tête (pendant mes études) et me souvenais qu’au bout d’un moment j’avais vraiment eu soif de rentrer. Donc j’ai dit à mes parents que nous allions rester maximum 2-3 ans et anticipais le fait que nous allions avoir envie de rentrer. Mais, nous ne nous attendions pas du tout à la qualité de vie que nous avons trouvée ici et au fait que nous allions nous sentir si bien. Ça fait maintenant presque 5 ans. Je pense que si un jour on rentre en France, ce sera poussés par les circonstances. Par contre, se rapprocher de la famille en réintégrant un pays d’Europe, pourquoi pas. En bref, on verra.

Breaker Bay , Wellington.

Comment vis-tu ton émigration ?
Je trouve la mentalité ici très très facile, très accueillante, très souple, très fluide. Je suis fasciné par la gentillesse des gens ici. Pour mieux expliquer ce que je ressens ici, je vais t’expliquer la façon dont je ressens les choses en France, où des fois j’ai l’impression que la façon dont la société fonctionne et les rapports sont organisés qu’on a un peu perdu une certaine humanité. Des fois on a oublié pourquoi certaines choses ont été faites ainsi. Je comprends mieux la société ici, elle me correspond mieux. Ici il y a autant d’indiens, que d’européens, que d’asiatiques… Donc naturellement il n’y a pas les questions d’identité qui posent problèmes en France, ou en Europe.

Dans la cuisine, une bouteille de Calvados sur l’étagère… La France reste présente !

Tu parles de racisme ?
Oui, de ségrégation, racisme… Ici tout le monde vient d’ailleurs. Même les Kiwis « de souche » ont en fait des grands-parents émigrés. Les gens que je côtoie ici sont d’origine danoise, anglaise… J’ai même l’impression (même si cela peut paraître fou !) qu’il y a ici une meilleure intégration européenne, qu’en Europe, où on se pose des questions…
Un jour au boulot nous étions en réunion et nous nous sommes rendus compte qu’il n’y avait pas une personne d’origine kiwie et pas deux personnes de la même nationalité, sur 10 personnes !
Donc en terme d’intégration, je trouve que c’est extrêmement facile.

Pancarte du café que tenait Benoît : « Mon Ami ».

Que te manque-t-il de la France ?
En premier lieu les amis et la famille. Des fois ça serait vraiment sympa de boire une bière avec les gens de là bas ici ! Les traditionnels dimanches en famille… Mais aujourd’hui il y a des substituts, avec Skype par exemple, mais ceci ne remplace pas tout.
Quand je suis parti au Canada il y avait l’IRC (connection via un modem). On tapait une ligne et on attendait super longtemps ! C’était très frustrant (car le téléphone est très cher). Maintenant c’est plus facile : hier j’ai eu ma mère sur Skype et instantanément pu lui demander son avis sur la couleur de la façade de la maison que nous allons repeindre ! Mais bon ceci ne remplace le fait d’être ensemble autour d’une table, de partager un pique-nique, un moment ensemble…
Ici je ne me plains pas de la nourriture, mais ça ne remplace pas tout à fait la nourriture en France ! Les Néo-Zélandais sont de plus en plus gourmets, mais bon mes parents cuisinent super bien et ça ne se remplace pas !
Sinon la mentalité française ne me manque pas. Cependant je ne « jette » pas tout. Nous avons par exemple un système social qui est sans aucun doute le meilleur au monde, et c’est un fait, bien que nous nous plaignons !

Une fois par semaine Benoît va au travail en vélo.

Qu’as-tu conservé de ton identité nationale ?
J’ai beaucoup de mal à me sentir citoyen d’un pays. Pendant un moment je me suis senti européen, mais ça n’était pas tout à fait ça. J’ai tellement voyagé que je ne me sens pas tellement rattaché à un pays. Dans mon éducation j’ai une composante française bien sur. Mais en tout cas aujourd’hui je me sens vraiment citoyen du monde.
Au travail, j’ai souvent des réactions un peu plus « sanguines », et je pense que c’est mon héritage latin ! Ceci peut poser problème, car je démarre au quart de tour, je m’impose. Alors qu’ici les choses se font beaucoup plus dans les formes ! Pour qu’un Kiwi s’énerve il faut vraiment le pousser à bout !
Maintenant j’ai 33 ans, passé 5 ans ici, c’est 15% de ma vie, ce qui n’est pas négligeable.
Continuer à vivre à l’étranger me semble une évidence, donc, et si nous devons rentrer en Europe, on privilégiera un pays autre que la France. Car l’échange culturel est devenu très important pour nous. L’endroit pourrait être l’Ecosse, l’Irlande, la Bavière… Un endroit avec beaucoup de nature !
Ce qui est marrant c’est que parmi les Français que je côtoie ici il y a quelque chose que nous partageons, qui est une certaine ouverture d’esprit, l’intérêt pour ce qui est « ailleurs ». Mais par contre les horizons d’où nous venons, les tempéraments sont parfois très tranchés. Et peut-être que si nous nous étions rencontrés en France nous n’aurions rien eu à nous dire. Ceci est très enrichissant.

De bon matin, vue depuis le salon, avant de partir au travail.

Te sens-tu intégré à ta nouvelle ville, au pays, sa politique, à une communauté locale, la culture, la langue, les traditions… ?
Je me sens bien intégré. Ce qui m’a scotché en premier lieu c’est qu’après trois mois de vie ici j’ai reçu un courrier me demandant de m’inscrire pour voter lors des prochaines élections. On m’a demandé mon avis, de participer, ce que j’ai trouvé incroyable ! Ceci a été un signe.
Ici la population est tellement diverse et variée que j’ai l’impression d’être une pièce de ce puzzle.
Ici il y a tout de même les blancs (les pakéas en maoris) et, les maoris qui sont des communautés qui ne se mélangent pas forcément beaucoup. Je trouve ça un peu dommage. Mais par rapport à d’autres communautés mal intégrées en France ou les aborigènes en Australie, ça se passe plutôt bien ici.
Sinon, concernant mes activités j’ai ouvert un café il y a 2 ans, « Mon Ami » au centre ville. Travaillant dans l’informatique c’était une expérience nouvelle pour moi. On a ouvert en septembre 2008 et la récession est arrivée en Nouvelle Zélande en novembre. Le départ était très positif, mais la récession a fait qu’après 2 ans nous avons dû fermer. Les formalités étaient très faciles ici, rien à voir avec la France. Ceci m’a permis de rencontrer beaucoup de gens.

Le Batch Cafe, Owhiro Bay, Wellington.

Sinon j’ai été investi pendant un moment dans la ré introduction du kiwi (l’oiseau) dans la nature aux alentours. J’allais ramasser les pièges (hérisson, furets et autres petits rongeurs), pendant 6 mois.
J’ai aussi fait du rugby. Commençant à 30 ans alors qu’ici ils commencent à 6 ans ça n’était pas si facile ! J’ai adoré l’ambiance mais me suis gravement blessé le dos, donc ai dû arrêter le sport pendant un an. Mais j’ai quand même joué pendant un an et demi. Je n’avais jamais passé autant de temps aux urgences ! C’est un aspect de la vie ici vraiment typique. L’accueil était formidable, l’équipe m’a tout de suite intégré.
Puis ensuite quand j’ai ouvert le café ceci a pris tout mon temps, comme je travaillais toujours la journée en tant qu’informaticien…

Par rapport à l’anglais ?

Benoît aime se promener le long des bais de Wellington et s’arrêter pafois au Bach Cafe, bel endroit, convivial et chaleureux. Ici deux Néo-Zélandais rencontrés sur la terrasse. La femme est en fait originaire d’Angleterre mais vit en Nouvelle-Zélande depuis 40 ans. Ce couple est à l’image d’une majorité de la population: d’origine mixte et facile d’accès : après l’échange d’un sourire la conversation démarre!

Je parlais déjà anglais depuis plusieurs années donc je n’avais pas d’appréhension de ce côté-là. Par contre l’accent kiwi est quand même assez difficile ! J’ai une petite histoire à ce propos.
Quand j’ai rejoint l’équipe de rugby, je ne comprenais pas tout. Donc quand on me demandait quelque chose je répondais « oui » à peu près à tout. Un jour je me suis ainsi retrouvé embarqué dans le voyage annuel de l’équipe ! 5 mois après avoir dit oui ils me disent « voilà ça coûte tant, on part le week-end prochain en Australie ! ». Ne connaissant pas les voyages annuels de l’équipe de rugby je me suis fait surprendre ! Beaucoup d’alcool, un endroit très touristique… Expérience incroyable ! Bayley’s dans mon café à 4h du matin… C’était dur ! (rire !) À 14h j’étais à terre !

As-tu déjà ressenti une quelconque discrimination ?
Une fois, samedi dernier, première fois en 5 ans. Je suis allé louer une voiture, montrer mon permis français qui est normalement accepté partout ici (et par la loi). Mais parce que c’était une pièce d’identité française il m’a posé problème. Mais bon, ceci est un problème mineur. Sinon on est vanné sur le rugby, le Rainbow Warrior, ce qui n’est pas discriminant, mais plutôt un jeu.

Parmi ton entourage as-tu plus d’amis français, un peu de tout ?
Un peu de tout ! Dernièrement à cause du café, mon réseau n’a pas beaucoup évolué car je travaillais tout le temps !

La promenade des Red rocks à 20 minutes du centre ville, tellement loin déjà du grouillement humain.

Quand je suis arrivé j’avais peut-être plus d’amis étrangers, et dernièrement plus de Français. Sûrement parce que je cherchais la facilité.
Nous avons une famille kiwi qui nous est très proche. Ils ont aidé Seb à améliorer son anglais et sont devenus des amis. Ils sont formidables. Nous partageons en plus une passion commune qu’est la voile. Nous partons en expédition ensemble parfois. Notre premier noël ici a été avec eux, ce qui a beaucoup compté pour nous.

À quelle fréquence rentres-tu en France ?
Pour l’instant le plus longtemps que nous avons été absents est une année. Sinon nous sommes rentrés juillet 2010 et 2009. Donc environ une fois par an pour 15 jours -3semaines. Avant nous essayions de rentrer tous les 9 mois, mais financièrement c’était trop difficile. Ici nous avons 4 semaines de vacances par an, donc pour profiter aussi du pays, je suis obligé de prendre des congés non payés.

Promenade des Red Rocks.

Et enfin… As-tu des recommandations à donner aux personnes qui viendraient visiter la Nouvelle Zélande ?
Qu’est ce que je recommande en NZ???? La plupart de mes endroits favoris sont dans l’Ile du Sud. J’aime Karamea pour le sentiment « bout du monde » qu’il me procure. J’aime Still water bay, au sud de Jackson bay, pour les même raisons.
Les Catlins est un endroit fabuleux mais réservé à ceux qui ont du temps, tellement il s’écoule doucement là-bas.
Enfin, quitte à visiter les fjords de Fiordland, je recommande chaudement de faire le Doubtful Sound en kayak, au départ de Te Anau, pour au moins deux jours. Je ne devrais pas le recommander, en fait, car ça va attirer du monde, mais ça vaut vraiment, vraiment le coup, le coût aussi d’ailleurs, et pas besoin d’être super en forme pour le faire, « raisonnablement en forme » suffira.

De juin à novembre on trouve des colonies de phoques, qui se reposent par dizaines.

Coucher de soleil néo zélandais

août 30th, 2010

« Couchers de soleil…
Clichés, donc…
Les aurait-on tous photographiés? Les mêmes jamais les mêmes? Uniques, à venir et revenir…
Ils sont là et rappellent et le temps et la terre et tous les horizons.
Ils ne s’inventent pas.
Ils s’invitent
et s’installent.
Futurs matins du monde. »

Stani Chaine

Visitez cette nouvelle galerie photo:Couchés de soleil néo zélandais, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Laurence Ré, 26 ans, une Française qui étudie le stylisme à Auckland.

juillet 7th, 2010

LES PHOTOS EN CLIQUANT SUR CE LIEN OU DANS LE MENU PORTRAITS : LAURENCE RE, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Laurence apprend à coudre dans son école de stylisme à Auckland

C’était le dimanche 6 juin 2010 chez Chantal, où Laurence habite. L’été en France; l’hiver ici. Une belle villa d’où on peut apercevoir la mer, comme beaucoup d’autres habitations à Auckland. Laurence vit depuis 2 ans et demi en Nouvelle-Zélande, après avoir grandi et vécu en région parisienne pendant 24 années.

Peux-tu nous expliquer ta situation ici? Depuis combien de temps tu es là? Et quel est ton parcours ?

Je suis arrivée début 2008 avec un « Working Holiday Visa ». Cette première année, j’ai voyagé à travers tout le pays. Afin de pouvoir vivre, je trouvais des petits boulots de façon temporaire tels que travailler dans un supermarché, ramasser les fruits, être femme de ménage, vendeuse dans une galerie d’art… Bref mon CV à doublé en l’espace d’un an !

À "Bethells Beach", une plage à l'état sauvage à 40 minutes en voiture d'Auckland... Une vraie escapade, pourtant si proche de la ville...

Après une année passée à bouger tous les trois mois (Wellington, Queenstown…) j’étais fatiguée et voulais me poser. En janvier, je suis donc arrivée sur Auckland. Je voulais m’y installer car, venant de la région parisienne, il me fallait vivre dans une grande ville et aussi parce que j’ai un oncle qui y habite. J’ai alors trouvé un travail en tant que caregiver (donneur de soins), c’est à dire « aide-soignante à domicile » pour des tétraplégiques, autistes… En France, j’étais infirmière mais, ici, je ne pouvais pas travailler en tant que telle car le diplôme n’est pas reconnu. Il m’aurait fallu passer des équivalences, ce qui ne me tentait pas vraiment. J’ai donc travaillé avec plusieurs familles néo-zélandaises, dont des Maoris. Je restais parfois 24 heures d’affilée chez eux. Ceci m’a permis de vraiment les découvrir, leur maison, leur façon de vivre, leurs coutumes…Ce fut une très bonne expérience pour moi. J’ai pu me rendre compte des différences socio-culturelles qui peuvent exister entre ici et là d’où je viens. Comme, par exemple: l’éducation donnée aux enfants, l’alimentation, les habitudes de vie, la vie en famille…

Jusqu’au jour où une amie qui faisait du cinéma est venue me rendre visite et ceci a été un déclic pour moi. Je ne me voyais pas rester indéfiniment dans cette situation. En effet, être infirmière n’était pas tout à fait ce que je voulais faire… Depuis gamine, j’ai toujours eu dans la tête l’envie de faire quelque chose dans le domaine de la mode.

Donc me voilà lancée depuis 6 mois maintenant dans des études de mode. J’étudie a l’institut New Zealand Fashion Tech pour l’obtention du diplôme « Fashion Technology ». Je suis trois cours différents : le premier où j’apprends l’aspect technique (les

Pendant la pause de midi, Laurence joue aux dominos avec ses camarades kiwis.

machines à coudre), ensuite je vais apprendre à faire les patrons, et enfin je vais apprendre à créer ma ligne de vêtements… !

Où as-tu vécu pendant tout ce temps ?

Durant mon voyage dans le pays, je suis allée de colocation en colocation…

De même une fois arrivée sur Auckland. C’est une façon de vivre très courante ici.

Ensuite j’ai emménagé dans mon propre appartement. J’ai enfin vécu seule pour la première fois de ma vie.

Depuis que j’ai repris les études je ne peux plus m’offrir ce loyer. J’habite donc chez Chantal et son mari. Chantal est une Française (d’un père français et d’une mère américaine) qui vit depuis 16 ans en Nouvelle Zélande. Son mari est anglais. Je l’ai rencontré en arrivant à Auckland via le réseau français: il y a à Auckland des apéros organisés par une association qui réunit les français-aucklandais : « Auckland accueil ».

Pourquoi as-tu décidé de partir de France ?

Parce que je n’en pouvais plus : mon travail, le stress… Je travaillais en service de cardiologie. En deux ans, j’ai vu ma charge de travail augmenter considérablement, mais pas la paye bien sûr. En France, les infirmiers ne sont pas reconnus pour ce qu’ils font. Ceci m’a grandement dégoûté du métier.

J’avais besoin de tout changer. J’avais envie de partir, de m’éloigner, de voyager, d’expérimenter l’inconnu tout simplement.

Après une petite promenade jusqu'en haut d'une colline à Bethells beach le point de vue offre un paysage magifique.

Étais-tu déjà partie de France avant ?

L’été précédent mon départ je suis partie pendant un mois au Canada, toute seule en vacances. C’était mon premier pas vers cette aventure ! En rentrant en France, j’ai très vite senti qu’il y avait un malaise quelque part, qu’une donnée était fausse. J’ai

Les mains de Laurence dessinent un patron à la craie.

réalisé que j’étais trop jeune pour avoir la vie que je menais : métro, boulot, dodo. Trois semaines après j’ai posé ma démission ! Merci le Canada !!!

En ce qui concerne les papiers administratifs, quel statut as-tu qui te permette de rester ici au-delà de la traditionnelle année de Visa Vacances Travail ?

J’ai le statut étudiant, qui me permet de rester ici tant que je suis étudiante. En 2ème année je vais être à moitié en stage et à moitié en cours. Je compte éventuellement là-dessus pour être employée puis sponsorisée pour pouvoir rester.

Aimerais-tu obtenir la résidence ?

La voiture est indispensable pour se déplacer à Auckland.

Pas forcément… Après mes études j’aimerais bien rester encore un ou deux ans, puis rentrer en Europe ou partir vivre dans un autre pays. Mais bon, on ne sait jamais de quoi est fait demain. J’étais sensée rester quatre mois, et voilà plus de deux ans maintenant que je suis ici.

Que te manque-t-il de la France ?

Je ne sais pas… C’est une façon de vivre, une culture, la famille, la nourriture !

Je ne peux pas claquer la porte d’un pays où j’ai vécu pendant 25 ans. Je me sens toujours rattachée à la France. Je reste en contact avec ma famille, on se parle tout le temps sur internet.

Petite marche

Je pense rentrer plus tard quand je voudrai me poser, avoir des enfants, construire une famille.

Mon expérience en tant qu’infirmière m’a appris que la vie peut-être très courte. Et de ce fait, qu’il faut en profiter avant qu’il ne soit trop tard.

Pour l’instant, je me plais ici. J’aime vivre dans un pays étranger. Tous les jours j’apprends des choses nouvelles. Il m’est difficile de stagner dans une « routine ».

Que vois-tu comme différences culturelles entre la France et la Nouvelle Zélande ?

Des tas !!!

Pour moi, la Nouvelle Zélande est un pays jeune, pluriculturel qui se construit et avance grâce à cette variété de nationalités. Asiatique, indienne, polynésienne, maori …

Tandis que la France est un pays très ancré dans son histoire, sa culture qui ne change pas si vite.

Les « Kiwis » sont très gentils et accueillants. Cela dit, j’ai du mal à créer des amitiés profondes avec eux, telles que je peux avoir avec des Français ou d’autres étrangers que j’ai rencontrés ici.

Comment vis-tu ton émigration ?

Très bien ! J’apprécie le coté relaxe de la Nouvelle Zélande.

As-tu plus d’amis français alors ?

Je connais beaucoup de Français effectivement, et on se connaît plutôt tous les uns les autres. Nous restons beaucoup entre Français. Peut être une sorte de fraternité.

Les ciels néo zélandais sont souvent très impressionnant.

Qu’as-tu conservé de ton « identité nationale » ?

Je considère que ton identité tu la gardes à vie. Quand on grandit quelque part ceci nous reste à vie. Les années passées lors de notre jeunesse sont des années fondatrices. Je me sens une Française avant tout.

Te sens-tu intégrée à ton nouveau pays, ta nouvelle ville, sa politique, les communautés locales, la culture, la langue, les traditions ?

laurence vit chez Chantal dans une jolie villa, comme de nombreuse autres en Nouvelle Zeélande, avec vue sur la mer.

Oui, j’adore Auckland. À Paris ce qui me manquait c’était de ne pas voir la mer. Ici on la voit partout! Ca me donne l’impression d’être constamment en voyage.

Par rapport à la politique c’est une chose dans laquelle je ne me suis jamais investie, ni en France, ni ici.

Sinon pour les communautés locales, je ne fais rien de particulier.

Quant à la culture, je me rends compte que je commence à être imprégnée…par des petits trucs tout bêtes !

Par exemple m’habiller en jogging pour aller au travail, ouvrir une bouteille de vin en la dévissant… Passer mon temps à envoyer des textos parce que c’est trop cher d’appeler. Boire un verre de vin quand je sors dans un bar (en France j’avais pour habitude de boire une bière ou un cocktail, le vin étant pour le repas…), laver la vaisselle sans la rincer …Pas bien, je sais !

Pour la langue je parle le « franglais » ! Les trois premiers mois j’ai eu un peu de mal mais maintenant ça n’est plus une barrière. Il y a parfois du vocabulaire que j’oublie, mais ça va.

As-tu déjà ressentie une quelconque discrimination ?

Le mur de Laurence à son école.

Oui, une fois. Quand je travaillais dans les vignobles, un des employeurs ne nous a pas payés. Mais, après un mois, je suis allée le menacer en disant que ça n’était pas parce que nous étions étrangers et que ne connaissions pas bien le système qu’il ne devait pas nous payer, et que j’allais aller au département du travail le dénoncer. Le lendemain j’avais l’argent sur mon compte !

Sinon, je pense que les Français sont bien acceptés et les « Kiwis » sont très accueillants.

Vis-tu entourée de locaux ou d’étrangers ?

Chez moi non ! Mais à l’école je suis la seule Française.

Te sens-tu plutôt française ou citoyenne du monde ?

Je ne sais pas… Je dirais plutôt une Française dans l’âme, dans mes gènes et une citoyenne du monde dans mon mode de vie.

À quelle fréquence rentres-tu en France ?

Je ne suis rentrée qu’une seule fois depuis que je suis partie. Il m’a fallu du temps pour me sentir prête à faire le pas dans l’autre sens.

Question bonus : que recommandes-tu aux gens qui viennent visiter la Nouvelle-Zélande ?

Laurence dessine un patron.

Si vous aimez la nature c’est ici qu’il faut venir !

J’aime être émerveillée par un paysage paradisiaque complètement inattendu après avoir conduit pendant une heure sans rien voir de particulier .

Un truc tout bête : naviguer, faire un barbecue sur la plage…

Mon endroit préféré : Cathedrale cove dans les Coromandels (île du nord).

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Hello world!

octobre 25th, 2009

Projet de reportages photographiques et de témoignages autour de migrants français qui racontent comment ils ont réussi, quelque part, ailleurs dans le monde, en 2010. Alors que nous sommes en plein cœur d’un débat sur l’identité nationale…

Contactez moi : contact@anaischaine.com

Hugo Cucciolito, apprenti cuisinier.

© Anaïs chaine, Mai 2009 Reportage au restaurant «La Maison des Mouettes», Aytré.