Archive for octobre, 2010

Aurélien, 28 ans, ingénieur pour DHI, vit à Auckland depuis 2 ans.

jeudi, octobre 28th, 2010

En haut de la Sky Tower, la tour la plus haute d’Auckland, 328 mètre, d’où on peut admirer un magnifique couché de soleil sur la ville.

Visitez la galerie photo : Aurélien, (cliquer sur l’une d’entre elle pour faire défiler les photos en grand format).

Aurélien est ingénieur pour DHI (Danish Hydraulic Institute). Il modélise des rivières, effectue des études d’inondation, de pollution de rivières, étudie des données avec des modèles pour savoir comment se représentent les rivières (écoulement, niveau d’eau etc), retranscrit ceci pour savoir où sont les endroits sensibles de la rivières, où placer des murs de protection… En Nouvelle Zélande la demande est forte dans ce secteur car beaucoup de néo-zélandais ayant un diplôme approprié partent travailler en Australie pour « mieux gagner leur vie et avoir plus de soleil ! » Dans son entreprise, plus de la moitié des travailleurs sont des étrangers.

Depuis la Sky Tower, la vue s’étale jusqu’à 80 km au large. La colline que l’on distingue au loin est le volcan (inactif) Rangitoto, où l’on peut faire des randonnées.

Peux-tu décrire ton travail, comment t’es-tu retrouvé ici ?

Je faisais un stage en entreprise en France. À la fin de ce dernier j’ai cherché du travail, mais sans envie de rester en France. J’ai donc envoyé des CV dans différentes branches de cette même entreprise, dans monde entier, en espérant aller soit en Amérique du sud, soit en Asie ou en Espagne. Mais je me suis finalement retrouvé un peu par hasard en Nouvelle Zélande ! Ils cherchaient quelqu’un correspondant à mon profil, je me suis dit « pourquoi pas ! », et en un mois j’étais ici !

… Pas le temps de réaliser !

Surtout pas le temps de trop réfléchir. Si je m’étais trop posé de questions, je ne serai jamais parti ! C’est un réflexe pour moi : « oui ou non » !

… Mais est-ce que ce travail t’intéressait aussi ?

Oui, mais en fait j’aurai pu le faire n’importe où. Je pense que si j’avais pesé le « plus » et le « moins », trop de choses m’auraient retenues. Je suis partie dans l’esprit « bon ben j’essaye et on verra ! ». Maintenant, je pense que c’était vraiment une bonne idée, je ne regrette pas.

Sur la route pour aller au travail d’Aurélien, vue sur le port d’Auckland depuis le pont qui mène au nord de la ville.

Et tu pars en Malaisie pour le travail pendant un mois alors ? (m’a-t-il glissé avant l’entretien)

Ou car en ce moment j’évolue dans mon métier : je m’occupais de rivières et maintenant je vais m’occuper des océans (ports, plages…). Mais la seule personne qualifiée ici n’a pas le temps de me former. La bas, il y a plein de personne compétentes qui peuvent me former.

Peux-tu nous raconter ta vie depuis ton arrivée : recherche d’appartement etc. ?

Le problème avec mon entreprise est qu’elle est assez excentrée. Au début j’ai cherché dans la banlieue, à côté du travail. Mais la Nouvelle Zélande est un pays assez calme. Même Auckland qui est une ville assez dynamique reste calme en dehors du centre ville. Donc comme je m’ennuyais en banlieue, bien que en collocation, après six mois j’ai décidé de déménager. Il ne se passait rien le soir : télé, boulot… Depuis que je vis au centre ça va mieux, j’ai une vie plus sociale. J’ai donc d’abord aménagé dans une grande maison avec 20 personnes, où j’allais de plus en plus souvent pour des soirées, voir mes amis… Puis quelque temps après j’ai déménagé avec 3 amis français car nous avions l’opportunité de vivre dans une belle maison, pas chère et bien placée. Mais je vais déménager bientôt encore car un des français va rentrer en France et les deux autres partent vivre au Canada.

Le lieu de travail d’Aurélien, excentré au nord d’Auckland.

J’ai remarqué que par rapport à lorsque j’ai pu étudier à l’étranger, il est beaucoup plus difficile de rencontrer des gens maintenant que je travaille. Étudiant, je ne cessais d’avoir des activités et de rencontrer du monde, maintenant je suis 8 à 10 heures par jour au travail, devant mon ordinateur, et donc rencontrer du monde demande un plus grand effort.

Et donc rencontres-tu du monde dans des activités ?

En fait il y a ici un énorme turn over, j’ai de très bons amis pendant 6 mois -1 an, puis ils partent. Donc je me rends compte que beaucoup de gens partent et me demande si moi aussi je ne devrais pas partir ? Le problème c’est que toutes les personnes que j’ai rencontrées sont amenées à partir. Ayant parlé de ceci à d’autres amis qui sont là depuis un moment ceci semble être courrant. Ils m’ont tous dit qu’au bout d’1 an-1an1/2 en Nouvelle Zélande tout le monde partait, mais ils ont finalement rencontré de plus en plus de locaux. Le problème c’est que ces relations mettent du temps à venir et je n’ai pas encore vraiment mon noyau d’amis locaux.

Le lieu de travail d’Aurélien, excentré au nord d’Auckland.

Que te manque-t-il en France ?

Il y a 3 trucs qui me manquent vraiment : la famille et les amis. Mais pour ça, lorsque tu pars à l’étranger tu sais que c’est inévitable. Ensuite, il y a la nourriture et… Les avantages sociaux ! Ça peut paraître idiot mais les RTT, les 35h, la retraite… Tout ça je ne l’ai pas ici. Ma sécurité sociale est différente car je ne suis pas citoyen résident ici, je n’ai que 4 semaines de vacances…

Sens-tu qu’il y a des choses fondamentalement françaises que tu as gardées en toi ?

J’ai du mal à savoir ce qu’être « français » au final… Des fois je rencontre des chinois avec qui je vais avoir énormément de choses en commun et des français dont je vais me sentir très loin. C’est un peu difficile à expliquer… Mais plus je vois des gens différents plus je me demande ce que c’est qu’être français. Quand je rencontre des français bien sur je me sent un peu plus proche d’eux parce qu’on a les mêmes références (film, music, etc) mais au bout du compte, peut importe d’où on vient, on a tous un peu les mêmes valeurs.

Elevation Café, à la sortie d’Auckland et à l’entrée du parc national Waitakere Ranges. Vue magnifique pour déguster un café après une randonnée en forêt.

Ressens-tu ceci parce que tu as déjà pas mal voyagé avant ?

Oui peut-être… J’ai en effet étudié 2 ans ½ en Angleterre, à Londres puis Newcastle. Entre les deux, j’ai étudié un an en Espagne (ERASMUS). J’ai aussi effectué un semestre en Hongrie et un stage en Inde. Toutes ces expériences étaient vraiment géniales.

Et pour le futur… ?

À moyen terme j’aimerai bien aller en Espagne, mais pas en ce moment à cause de la crise il n’y a pas trop de travail. C’est vraiment un pays où j’ai passé du bon temps. Pour moi l’Espagne c’est comme la France, mais en mieux !

Donc tu ne te projettes pas dans une vie en Nouvelle Zélande à long terme ?

Ben en fait c’est 50-50… je me laisse encore jusqu’à septembre, pour voir si je peux me sentir vraiment chez moi. Et si dans 6 mois je ne me sens pas encore vraiment intégré dans le pays ça sera signe qu’il faut que je parte. Mais la Nouvelle Zelande est vraiment un pays où il fait bon vivre. C’est dans la culture d’avoir une vie sociale et professionnelle très équilibrée, et les gens sont vraiment moins stressés que dans d’autres pays.

Vue depuis Elevation Café sur le parc national Waitakere ranges puis, au loin, Auckland, un jour de brume printanier.

Qu’est-ce qui te fait dire que tu ne te sens pas vraiment intégré ?

J’ai plus d’amis étrangers que néo zélandais. Aussi, je n’ai pas l’impression de vivre le mode de vie néo zélandais qui est principalement base sur le sport (rugby, voile, jogging) et les week-end au vert dans leurs maisons de vacances… Mais bon qu’est-ce que vivre comme un « néo zélandais » ? Je n’ai pas vraiment de réponse non plus…
En tant qu’étranger je ne me sens pas vraiment dans la société, je n’ai pas suffisamment d’amis néo-zélandais pour avoir l’impression d’être immerge dans la vie néo zélandaise.

As-tu déjà ressenti des formes de discrimination ?

Cascade dans la forêt de Waitakere ranges.

Discrimination, non pas vraiment. C’est un pays occidentalisé, la Nouvelle Zélande est un pays jeune avec beaucoup d’émigrés. Les néo zélandais sont vraiment ouverts, et contrairement à la France qui a 2000 ans d’histoire, ici tout le monde est étranger quelque part. Ce qui est marrant c’est qu’ils adorent la France et les français et en même temps ils nous détestent aussi. Le peu d’échanges qu’il a eu entre la NZ et la France sont leur défaite au rugby, le Rainbow Warrior, les essais nucléaires… Et dans ces 3-4 relations les français se sont un peu « moqués » des néo zélandais… donc ce sont des sujets qui reviennent parfois dans les conversations.
En France les discriminations sont beaucoup plus fortes, et ceci ne ma manque pas !
Les néo zélandais sont vraiment gentils et honnêtes. Par exemple lorsque l’on va dans un magasin il peut arriver que le vendeur te dise de ne pas acheter ceci chez lui car c’est moins chère ailleurs !

À quelle fréquence rentres-tu en France ?

J’essaye de rentrer quelques semaines/ un mois par an. Mais comme je n’ai que 4 semaines de vacances par an ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour voyager et profiter de la Nouvelle Zélande. Mais j’arrive quand même à prendre 1 semaine de vacances en Nouvelle Zélande par an, aussi il y a quelques week-end prolongés…

Sur la pointe sud du parc National Waitekere Ranges : Whatipu.

Comment ça se passe au travail ?

Ici l’ambiance est très relaxe, les néo zélandais finissent souvent leur journée vers 16h…

Les photos disponibles dans la galerie Aurélien